5 questions à Samuel Bonvoisin, ingénieur agronome

Rencontre
Son livre Cultiver l’eau douce est une leçon d’espoir. Avec l’aide de ses deux co-auteurs, Samuel Bonvoisin y explique comment chacun de nous peut agir face à la dégradation des cycles de l’eau.
Un article de
Stéphanie Bouvet

Vous parlez de « cultiver l’eau ». Qu’est-ce que cela signifie ?
Quand j’étais enfant, on me disait que l’eau est précieuse, qu’il ne faut pas la gaspiller, pas la polluer. Je n’ai compris que beaucoup plus tard, que ce sont les cycles de l’eau qui se dégradent. Cultiver l’eau, ce n’est pas seulement la protéger, mais faire en sorte qu’il y en ait plus à disposition. Il s’agit de restaurer la dynamique de ralentissement, naturelle dans le cycle de la vie. Et ce, en évitant les fausses bonnes idées, comme remplacer les plantes de nos jardins par des plantes résistantes à la sécheresse, car ces plantes évapotranspirent moins, ce qui accélère in fine la dégradation des cycles de l’eau.

François Goldin, Antoine Talin et Samuel Bonvoisin (de gauche à droite) © Kevin Simon

Vous distinguez eau bleue et eau verte. De quoi s’agit-il ?

L’eau bleue, c’est celle qui est visible, comme celle qui coule dans les rivières par exemple. L’eau verte se trouve dans les sols et dans la végétation. Or si l’on considère toutes les pluies continentales dans le monde, deux tiers viennent de l’eau© Kevin Simon / « Les Alvéoles » verte. C’est important d’en avoir conscience pour comprendre que chacun d’entre nous a le pouvoir d’agir et de participer à la grande aventure de la vie sur Terre, grâce à notre façon de l’habiter.

Quelles solutions préconisez-vous ?

Pour régénérer l’eau, il faut respecter trois règles. Plutôt que de laisser le sol à nu, il faut au contraire le couvrir au maximum pour le protéger. Ensuite, il faut l’amender, c’est-à-dire ajouter de la matière organique. Enfin, il faut infiltrer toute l’eau qui arrive dans le sol pour faire en sorte qu’elle y reste, en aménageant un jardin de pluie par exemple. Cultiver l’eau commence par ces actions simples, que tout le monde à son échelle peut mettre en pratique dans son jardin.

Qu’est-ce qu’un jardin de pluie ?

C’est un espace creux végétalisé, vers lequel on amène les eaux de ruissellement, notamment celles de la toiture. Sa forme, sa taille et son coût sont très variables, car on le retrouve aussi bien dans un petit jardin chez un particulier que dans un aménagement urbain d’envergure. Ce qui le distingue d’une mare, c’est que les réseaux de gouttière s’y déversent et qu’il n’est pas étanche. Il est au contraire perméable pour être très filtrant et éviter le ruissellement. Un jardin de pluie peut aussi récupérer le surplus d’eau d’une cuve de stockage, qui sinon serait perdu dans les égouts.

Intégrer des arbres au potager permet de limiter la consommation d’eau des légumes.
L’agroécologie et la gestion durable de l’eau sont au cœur des activités des Alvéoles (Drôme).
La condensation représente un apport en humidité utile à la croissance des plantes. Elle participe aussi au cycle de l’eau.

Qu’est-ce que le centre Les Alvéoles, où vous avez été formateur pendant quatre ans ?

À l’origine, c’est un bureau d’études en architecture de paysage fondé à Cobonne, dans la Drôme, par Antoine Talin, l’un des co-auteurs du livre. Aujourd’hui, le site comprend un centre de formation, une pépinière agro-forestière et un peu plus loin, une auberge qu’on appelle La Ruche. Les formations proposées s’adressent aussi bien aux débutants qui veulent découvrir la permaculture ou l’hydrologie régénérative qu’aux futurs professionnels. Même si la structure a évolué, elle est toujours centrée sur le végétal, le sol et l’eau.

Son parcours

Ingénieur agronome, Samuel Bonvoisin a d’abord travaillé dans le conseil et la formation auprès des agriculteurs. Depuis quelques années, il sensibilise des publics plus larges à la question de la gestion de l’eau. En parallèle de sa conférence « Et si on pouvait cultiver l’eau », il a co-écrit avec François Goldin et Antoine Talin le livre Cultiver l’eau douce. Cet ouvrage de référence sur l’hydrologie régénérative (éd. Ulmer, 29,90 €), appelle à réinventer notre rapport à l’eau.

Ingénieur agronome, Samuel Bonvoisin a d’abord travaillé dans le conseil et la formation auprès des agriculteurs. Depuis quelques années, il sensibilise des publics plus larges à la question de la gestion de l’eau. En parallèle de sa conférence « Et si on pouvait cultiver l’eau », il a co-écrit avec François Goldin et Antoine Talin le livre Cultiver l’eau douce. Cet ouvrage de référence sur l’hydrologie régénérative (éd. Ulmer, 29,90 €), appelle à réinventer notre rapport à l’eau.

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Crédit photo :
Kevin Simon / « Les Alvéoles »
Article paru dans le n°
20
du magazine.

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