Une maison à l'esprit du sud

Visite
Tombée sous le charme de cette étable du XVIIe siècle située dans le Luberon, Anna s’est investie corps et âme dans la rénovation et l’aménagement de la propriété, qu’elle a peuplée d’objets chinés dans des brocantes, en France et en Italie.
Un article de
Oliver Maclennan, traduction Tatjana Hardy

Àl’entrée du domaine se dresse, flanqué de trois cyprès, un grand tilleul, symbole de bonne fortune… Anna et Stefano, son mari, ont acquis cet ensemble de trois bâtiments du VXIIe siècle sur un coup de cœur. Le couple, qui s’est rencontré à Londres, avait visité la région à plusieurs reprises au cours de vacances en famille, avant de décider de s’y installer. Tous deux recherchaient depuis un moment un bien à acheter, avec un seul mot d’ordre : l’authenticité. « Nous avons tout de suite eu un vrai coup de foudre pour cette maison… Et pourtant, comme la femme du propriétaire était malade, nous n’avions même pas pu voir les chambres ! Décidément, ce n’était pas un choix rationnel, mais une évidence», se souvient Anna. 

Nichée en haut d’une colline, la propriété comprend trois constructions séculaires en pierre blonde, surplombant des champs de vignes et de lavande, et autrefois occupées par des fermiers, ou plus exactement leurs animaux. « Nous avons acheté cette ancienne grange en 2016, puis nous y avons entrepris des travaux de restauration. Ces derniers ont duré trois ans ! Nous avons dû tout refaire, y compris le rehaussement du toit, le dégarnissage de l’intérieur et le revêtement des sols », détaille Anna. Guidée par l’envie de préserver l’essence de cet endroit, sobre et rural, elle a tenu à conserver autant que possible sa structure d’origine, et a choisi de garder le plus possible d’éléments existants, lorsque leur état le permettait : certains des murs, les pierres et les petites fenêtres rondes. 

Structurellement, le travail a été colossal, avec une première étape d’envergure : connecter deux des trois bâtiments. « Nous avons retenu pour cela une pierre locale, qui a une couleur jaune pâle, très différente de la teinte rougeâtre de celle du Roussillon, par exemple », précise la propriétaire. Au rez-de-chaussée, le vaste espace obtenu s’est mué en une grande pièce de vie, comprenant une salle à manger au charme rustique, un salon confortable et reposant doté d’une cheminée appréciée par les occupants de la maisonnée en hiver, et enfin une cuisine au style provençal réactualisé, le tout en enfilade. Anna adore cuisiner, particulièrement des produits locaux, qui, dans la région, sont excellents. « Nous aimons manger ensemble dans la cuisine. En concevant cet espace de la maison, j’ai voulu qu’il soit simple et ouvert », ajoute-t-elle. Les fenêtres ont été agrandies pour laisser passer la lumière, en fonction de l’exposition et du moment de la journée. Les étés en Provence peuvent être chauds et arides, et de grandes ouvertures peuvent vite faire monter la température… Mais le petit havre de paix d’Anna reste merveilleusement frais, grâce à la verdure environnante qui filtre les rayons du soleil. C’est un cadre idéal, avec beaucoup d’arbres et de végétation. Au printemps, les cerisaies qui appartiennent à un voisin, par ailleurs apiculteur, recouvrent la vallée d’un manteau blanc. « Nous sommes très chanceux », sourit la maîtresse des lieux. 

À l’intérieur de la maison, la circulation entre les pièces se fait dans la continuité : de manière naturelle. Partout, des coins cosy invitent au repos. Fil conducteur du décor, une palette minérale, sable, gris, beiges parfois teintés d’ocre, rehausse de ses tons neutres le bois des poutres laissées apparentes, y compris dans les chambres, lumineuses et ­spacieuses. « Nous recherchions une ambiance calme, ­propice à la détente. On peut toujours jouer avec des tissus pour ajouter une touche plus personnelle », affirme cette ­passionnée de textiles. 

Seul le troisième bâtiment demande encore à être rénové, mais le couple n’est pas pressé – il n’a aucune intention de partir dans un futur proche. Comment pourrait-il en être autrement ? Depuis leur petit coin de paradis provençal, on aperçoit même le mont Ventoux par beau temps… soit presque toute l’année !

Sous la canisse

Aux beaux jours, pour le déjeuner, Anna Covelli dresse la table, sous l’ombre bienvenue de la pergola, sur la terrasse, dans le prolongement de la cuisine. Avec son mobilier en fer forgé, ses suspensions rétro et sa nappe rayée, ce coin extérieur campe une atmosphère chic et bucolique. Sur le mur en pierre, coussins en tissus anciens La Maison en Pierre, la marque créée par Anna. 

Couleurs locales

Anna et Stefano aiment recevoir et organiser des repas entre amis. Pour ces occasions spéciales, la propriétaire laisse parler sa créativité et dresse des tables magnifiques, ornées de fleurs et de plantes du jardin, comme ici, de la lavande.

Dedans-dehors

Le chien Orso (« ours » en italien) surveille du pas de la porte l’accès aux extérieurs de la maison. Derrière la terrasse surélevée et son coin repas, les escaliers mènent à la piscine, installée sur les hauteurs de la propriété. 

Beaux volumes

La grange a été trouée de fenêtres placées de part et d’autre, ouverte pourlaisser pénétrer la lumière, et dallée de travertin, chaleureux, brut et facile à entretenir. Dans le salon, les linteaux en bois originaux ont été conservés, mais les poutres du plafond ont dû être remplacées. La plupart des meubles ont été chinés dans des brocantes de L’Isle-sur-la-Sorgue.

Pièce maîtresse 

Pleine d’authenticité mais très fonctionnelle avec ses nombreux rangements, la cuisine a été conçue par Anna, cuisinière émérite, puis réalisée par l’Atelier Mouvement, à Avignon. Une pierre de la région a été utilisée pour le plan de travail et le plateau de la table à manger. Bouilloire et grille-pain Smeg. 

Typique

Avec ses carreaux hexagonaux en tonalités de gris et son superbe plafond provençal, cette chambre a su préserver son cachet d’origine, qu’Anna s’est amusée à réveiller avec un couvre-lit texturé curry. Commode ancienne dénichée à L’Isle-sur-la-Sorgue et laissée dans son jus, robe appartenant à Anna, sac et chaussures La Maison en Pierre. 

Créations upcyclées

Sur les marches de l’escalier brut qui monte vers les chambres, les sacs La Maison en Pierre, fabriqués par des artisans italiens à partir de tissus anciens collectionnés par Anna, cultivent un style méridional chic et nostalgique. 

Camaïeu lumineux

Dans cette chambre, Anna a opté pour un dégradé de gris : sur les placards sur mesure, la tête de lit ancienne – à laquelle ce coloris apporte un supplément de modernité –, et pour le linge de lit anthracite, Comptoir des Alpilles, à Saint-Rémy-de-Provence. Un parti pris plein de douceur et de subtilité, qui se marie à merveille avec le jaune du couvre-lit et les murs chaulés.  

Suite parentale

Dans cette chambre à coucher, deux anciennes portes Portes Antiques et Rééditions, dissimulent la salle de bain avec sa baignoire en fonte Devon & Devon. Sur la console trônent des lampes en œuf d’autruche. Linge de maison et textiles Comptoir des Alpilles.

Panoramique

Depuis les hauteurs de la propriété, éden verdoyant planté d’arbres et d’arbustes, la vue sur la région, en contrebas, est à couper le souffle. Anna et Stefano y ont installé du mobilier de jardin en rotin pour pouvoir s’y attarder à l’envi. 

Douceur de vivre

Le portail d’entrée est d’origine et préserve jalousement des curieux cette cour embaumant la lavande et les herbes aromatiques. Sous l’olivier au feuillage argenté, arrosoir en zinc ancien. Tous les vendredis, Anna se rend à vélo au marché du village.

Haut perchée

Parfaitement intégrée à son environnement, la piscine à débordement se déploie au-dessus de la maison, offrant de superbes points de vue. Juste à côté, un troisième bâtiment en pierre attend d’être rénové par les propriétaires. 

Anna Covelli, La Maison en Pierre

Elle a fondé sa propre entreprise en s’installant dans le Luberon, collectionnant des tissus anciens en lin et en chanvre qu’elle transforme en différents accessoires avec l’aide d’artisans italiens. « J’ai démarré en apportant mes tissus à Bergame, ville du nord de l’Italie connue pour son cuir, où j’ai rencontré plusieurs professionnels avec qui j’ai créé mes sacs. Puis j’ai dessiné des chaussures, fabriquées près de Venise, inspirées
par celles portées par les gondoliers. »

En savoir plus
Crédit photo :
Joanna Maclennan (The Sisters Agency)
Article paru dans le n°
2
du magazine.

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