Un appartement en rez-de-jardin sous les voûtes

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Dans cet appartement situé au rez-de-chaussée d’une maison bourgeoise, l’authenticité de l’architecture originelle assure le spectacle, magnifiée par un jeu de teintes et de matériaux faisant la part belle à la nature.
Un article de
Bulle Garenne

Situé dans le nord de l’Ardèche, à Annonay exactement, cet appartement atypique de 120 m2 se love au rez-de-chaussée d’une ancienne maison bourgeoise. Fief des familles Canson et Mongolfier, terre de tanneurs aussi, la petite ville dévoile un patrimoine historique riche et surprenant. « Le mystère plane sur la fonction de ce lieu avant qu’il ne devienne une habitation. Quand je l’ai découvert, son potentiel m’a paru évident malgré son mauvais état général, les finitions laissant à désirer », explique Marion Galline. L’entrée se faisait par l’arrière, via l’ancienne buanderie, dans une pièce sombre et sans charme. L’architecte d’intérieur comprend vite qu’il faut revoir l’agencement et miser sur les caractéristiques architecturales d’origine du bâti, notamment sur ce plafond voûté reposant sur d’imposants piliers en pierres qui permettaient de soutenir les étages plus nobles. Le projet était complexe puisque l’appartement adossé à une falaise présente une mono-orientation pointant vers le sud-est. Le manque de luminosité était un vrai sujet, sans parler du fait qu’une partie est semi-enterrée (chambres, bureau, salles de bains, WC et buanderie). La solution ? Un lexique chromatique doux, lumineux et neutre, piqué de détails colorés.

Après onze mois de travaux, l’habitation a retrouvé ses lettres de noblesse. « Dans la pièce à vivre, la voûte à moulures était visible, contrairement à celle qui surplombait la cuisine. Pour gagner en volume, en perspective et en cachet, j’ai fait tomber les faux plafonds et quelques cloisons. Même s’il est ouvert sur le jardin, l’espace est très profond et rapidement sombre. Ce nouvel agencement m’a permis de maximiser la luminosité naturelle. L’emploi du blanc et les portes vitrées y contribuent. Seul le mur côté salon est beige, une couleur enveloppante qui n’obscurcit pas la pièce », ajoute l’architecte d’intérieur. Cuisine, arrière-cuisine, salle à manger et salon partagent désormais l’espace, une volonté des propriétaires qui aiment recevoir. Inviter la nature pour connecter l’intérieur à l’extérieur était aussi important, le jardin étant éloigné des pièces accolées à la falaise. Marion Galline opte alors pour des teintes chlorophyllées et terreuses soutenues par des matériaux naturels, bois en tête. « Les deux chambres ne présentaient aucun élément ancien, elles étaient de simples cubes blancs qu’il fallait rendre accueillants et cosy. La couleur est un bon moyen de personnaliser les lieux », confie Marion Galline. Dans ce projet, les revêtements jouent un rôle important : inspiré des carreaux de ciment, le carrelage de la cuisine affiche un motif floral. Il est le même que celui faisant face au poêle et permet de souligner le passé bourgeois du bâtiment. Dans les chambres, le papier peint suit la cadence, dévoilant des imprimés d’inspiration végétale. Les accessoires sont également vecteurs de couleur, notamment le textile. Côté sol, la pièce à vivre a conservé son parquet d’origine, le reste de l’appartement s’habillant d’un modèle stratifié. Une rénovation audacieuse, entre passé et présent.

Potentiel gagnant

Il aura fallu abattre cloisons et faux plafonds pour obtenir cet espace à vivre de 49,5 m2, dominé par des voûtes croisées. Côté cuisine, l’ancien modèle rouge laqué a été upcyclé : un ponçage minutieux, quelques coups de pinceaux et de nouvelles poignées lui offrent une seconde vie.

Douceur graphique

Dans le salon, la niche du poêle anciennement habillée de pierres de parement a été repeinte en gris anthracite tirant sur le noir. Elle est l’élément fort de la pièce et accroche l’œil, sans toutefois voler la vedette aux voûtes croisées.

En vert et contre tout

La chambre principale accueille une tête de lit surmontée d’un caisson permettant le passage des réseaux. Entre ces deux éléments verts s’est glissé un papier peint dont l’imprimé discret apporte une pointe d’onirisme, renforcé par une finition irisée.

Terre-à-terre

Les codes hôteliers ont inspiré l’aménagement de la chambre d’amis, et notamment l’idée d’installer un portant. Le mur se pare d’une teinte terracotta, appréciée du plus grand nombre. Au plafond, la suspension comme une fleur éclaire le décor minimaliste mais efficace.

Pièce précieuse

Ne disposant pas de fenêtre, la salle d’eau attenante à la chambre principale affiche des teintes claires et lumineuses. Pour adoucir l’atmosphère et réchauffer l’ambiance, le bois entre en scène tout comme les courbes, du miroir aux carreaux de faïence.

Cocon studieux

Dans le bureau, le bien-être, favorisant la concentration, a été recherché. Les couleurs, les matériaux et les lignes campent une douce harmonie. La praticité n’en a pour autant pas été oubliée. Ainsi, la table est ergonomique : elle monte et descend, permettant de travailler assis et debout.

Entrée remarquée

Elle annonce la couleur : un bâti de caractère saupoudré de détails délicats. Déplacée côté jardin, elle offre désormais une vue plongeante sur la plus belle perspective de l’appartement : la pièce à vivre. Un tapis en carrelage délimite l’espace et invite à se déchausser.

Marion Galline, sensibilité intérieure

Architecte d’intérieur également diplômée d’une licence en architecture, Marion Galline crée son studio en 2017, à Lyon. Spécialisée dans les rénovations totales de biens anciens, elle aime fouiller les architectures pour dénicher les éléments de caractère à valoriser. Côté décor, sa première source d’inspiration se tourne vers le monde végétal. « Je travaille beaucoup en milieu urbain où les espaces extérieurs manquent. Il faut trouver un autre moyen de convier le bien-être et l’apaisement à l’intérieur, et la nature en est un », explique Marion Galline, qui s’attache à plonger dans le quotidien de ses clients pour découvrir leurs occupations et leurs habitudes, afin de livrer des propositions globales qui leur collent à la peau.  

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Crédit photo :
Sabine Serrad
Article paru dans le n°
18
du magazine.

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