Le jardin du bonheur de Laurence Marty

Visite
Un peu d’esprit du Sud, des roses, de la diversité botanique, des éléments de décoration… répartissez le tout sur 650 m2. Arrosez généreusement de bienveillance et de sourires. Bienvenue dans le Petit Jardin Saint-Fiacre de Laurence Marty !
Un article de
Omar Mahdi

L'effet est immédiat. Dès que l’on pose un pied dans le Petit Jardin Saint-Fiacre, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Paris, on se sent bien. Il y a plusieurs raisons à cela. D’abord, la personnalité de la maîtresse des lieux, Laurence Marty. Aussi accueillante que pétillante, son invitation à visiter son petit paradis végétal équivaut en réalité à partager un bout de sa vie. Qui plonge ses racines au Maroc, à Rabat, où sa grand-mère avait un jardin d’agrumes. « Elle avait aussi beaucoup de choses en pots, se souvient Laurence. Ce qui est fréquent dans des régions où les conditions climatiques et la nature du sol ne sont pas des plus faciles. » Elle ne s’en cache pas, cet esprit du Sud – ainsi que son soleil, évidemment ! – lui manque parfois. Pour preuve, les nombreux pots bleus qui parsèment son jardin lui rappellent la couleur de la célèbre villa Majorelle. Tout comme la fontaine en mosaïque, que l’on peut admirer de son petit coin salon où il fait bon prendre un thé… à la menthe, bien sûr ! Clairement, son amour des végétaux vient de ce côté-là de la Méditerranée, sans pour autant tomber dans le « tout exotique » : « Ma grand-mère possédait également un rosier Meilland, poursuit-elle. Et elle m’avait prédit qu’un jour, moi aussi, je tomberais amoureuse de ces arbustes fleuris. »

Elle ne croyait pas si bien dire. Car l’autre influence majeure dans le rapport intime que Laurence entretient avec le jardin s’appelle André Ève. Le grand rosiériste français, disparu en 2015, qui a participé à la réhabilitation des rosiers anciens auprès du grand public, a permis d’éviter un drame. Laurence Marty s’en amuse encore aujourd’hui : « C’était au tout début de mon jardin. Comme je n’avais pas beaucoup de place, je m’étais prudemment cantonnée à planter aux pieds de mes quelques arbres. Quand je montrais des photos à André lorsque j’allais le voir dans son jardin à Pithiviers, il me disait que ça lui faisait penser à des ronds-points ! » Sur ses conseils, elle s’est alors appliquée à agrandir ses massifs et à donner au lieu des courbes plus féminines. « La chance que nous avons, reprend-elle, c’est d’habiter dans une ancienne zone maraîchère, au sol riche. Et, atout supplémentaire, nous y avons trouvé un puits à une dizaine de mètres de profondeur. » En résumé, quand on plante, ça pousse plutôt bien ! En bannissant les lignes droites pour privilégier des petits chemins sinueux, ce qui allonge de fait la déambulation, Laurence a en quelque sorte dilaté l’espace et s’est autorisée à densifier ses plantations. « En créant cette illusion de perception, on permet au regard de se poser à différents endroits. Il faut donc qu’il y ait des choses à voir partout. » Ces points d’intérêt botaniques et visuels, quels sont-ils justement ? En cette saison automnale, impossible de ne pas remarquer les fruits des pommiers d’ornement qui colorent le jardin comme le ferait un peintre impressionniste amoureux des teintes rouges et orangées. Les asters sont évidemment ici comme chez elles et n’ont pas leur pareil pour souligner les massifs. Sedums et graminées rivalisent de légèreté pour apporter une touche aérienne. Sans oublier les rosiers remontants qui offrent un second feu d’artifice après les premières salves tirées au printemps.

Mais le Petit Jardin Saint-Fiacre ne doit pas sa beauté qu’à cette seule richesse botanique. En effet, Laurence a pris soin de truffer les lieux de « surprises ». Comprenez des éléments de décoration astucieusement placés qui ont une double fonction : faire plaisir aux yeux, évidemment, mais aussi faire marquer un temps d’arrêt contemplatif aux visiteurs et prolonger ainsi leur déambulation.

Une fois la visite terminée, le sentiment de bien-être ressenti dès les premiers pas est toujours là, bien présent. « Ça ne m’étonne pas, conclut Laurence en souriant. Pour moi, c’est le meilleur antidépresseur qui soit. Les mains dans la terre, la tête dans les fleurs, on se libère de tous les soucis du quotidien. » o

Le Petit Jardin Saint-Fiacre

20, rue Saint-Fiacre, 91580 Auvers-Saint-Georges.
Les visites sont organisées par l’association Secrets de jardins en Essonne. Tous les renseignements sur
jardiniers91.com.

Le jardin en un seul regard

Densité de plantation et richesse botanique, agrandissement de l’espace au moyen d’une décoration discrète mais bien présente aux détours de cheminements tout en courbes, harmonie des couleurs : le secret de beauté du Petit Jardin Saint-Fiacre réside dans l’équilibre subtil entre ces divers éléments.

Lampions naturels

Malgré leur forme et leur appétissante couleur rouge, les petites pommes du Malus ‘Evereste’ ne se dégustent que du regard. Leur fonction est ailleurs : celle d’éclairer et de colorer le jardin dès l’automne et jusqu’à l’entrée de l’hiver.

Prendre de la hauteur

Transformée en présentoir, cette échelle met les pots en majesté. En haut et en bas, deux pots catalans – l’esprit du Sud, toujours ! Au milieu, une poterie réalisée par Laurence.

Clapotis relaxant

Au milieu de ses homologues végétaux, on trouve ce véritable « massif aquatique » où dominent une euphorbe characias, de la prêle et une multitude d’asters qui habillent la fontaine. L’eau se déverse avec un doux bruit sur le bassin où flottent nonchalamment quelques nénuphars.

Complètement zinc !

Chinées dans une brocante, ces trois bassines en zinc donnent du relief et de la rondeur à cette zone très verticale. Même si la plus grande, où s’épanouit de la prêle, joue clairement sur les deux tableaux !

Pierres locales

La fontaine a été réalisée avec du grès local provenant de la même carrière que les premiers pavés de Paris. Devant elle, au pied des massifs, on remarque des heuchères et de l’armoise qui semblent admirer le feu d’artifice offert par le pennisetum !

Nom d’un bonbon !

Ce dahlia cactus s’appelle ‘Harry Bo’. Cette variété naine, malgré son nom, ne se consomme pas. Si vous lui donnez sa dose de soleil et beaucoup d’eau, il vous offrira en retour de très belles et très grandes fleurs rose vif faisant jusqu’à 15 cm de diamètre.

N’habitent plus à l’adresse indiquée

Les oiseaux ont délaissé ce joli nichoir pourtant idéalement placé entre un rosier ‘Pat Austin’ et une nuée d’asters. Sauf, bizarrement, pour venir y faire leurs… besoins !

Le vol de l’ange

Derrière la branche pourpre d’un berbéris, au milieu d’un nuage d’asters novae-angliae ‘Andenken an Alma Pötschke’ et d’armoise, cet angelot en terre cuite d’Impruneta semble comme en apesanteur…

Sourire au jardin

Laurence Marty sourit tout le temps. Mais peut-être encore un peu plus au jardin, son antidépresseur ultime d’où les tracas du quotidien sont définitivement bannis. Et où, sans nostalgie excessive, elle retrouve une partie de cet esprit du Sud dans lequel elle a grandi.

Préserver la vue

Depuis la terrasse à l’entrée de la maison, Laurence aime admirer le jardin. En plantant devant des végétaux de taille raisonnable (diverses petites vivaces, sedums, asters…), elle s’assure cette vue privilégiée sur son petit paradis sans se priver d’un massif supplémentaire.

En savoir plus
Crédit photo :
Virginie Quéant (Greenfortwo Media)
Article paru dans le n°
17
du magazine.

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