
L’histoire peu ordinaire du jardin de La Petite Rochelle débute en 1976. À la suite du décès de son père, Hélène d’Andlau hérite de deux maisons situées dans le pittoresque village de Rémalard, à proximité des charmantes localités de Bellême et de Nogent-le-Rotrou. C’est à ce moment charnière qu’elle décide de métamorphoser le terrain environnant en un jardin luxuriant, un projet qui va marquer sa vie et celle de sa famille. À l’origine, cet espace ne comptait que deux noyers, quelques pommiers et un poirier, mais il recelait un potentiel immense pour cette femme à l’imagination fertile et à la main verte. Nourrie par ses voyages et ses rencontres avec des jardiniers reconnus de l’époque et des pépiniéristes, cette créative dans l’âme s’attelle alors à apprivoiser les particularités de ce sol au pH neutre, légèrement acide, qui fait face à des étés parfois arides et à des gelées tardives. Avec détermination et passion, elle commence à planter, inventer et délimiter, donnant vie à ces lieux qui lui sont chers. Sa passion pour le jardinage ne tarde pas à se transmettre à sa fille, Laurence de Bonneval. Lorsque Hélène disparaît à 101 ans, Laurence reprend les rênes de ce paradis bucolique, poursuivant l’œuvre de sa mère. En connaisseuse, elle observe chaque bourgeon avec une émotion palpable et fait preuve d’une patience infinie pour voir fleurir des arbustes qui nécessitent plusieurs années de soins attentifs.
Situées au cœur du jardin, les deux maisons d’Hélène existent toujours : elles se fondent dans la végétation, offrant une vue bucolique qui enchante les promeneurs. Car le domaine a été reconnu comme Jardin remarquable et se dévoile en toute saison aux visiteurs. Laurence de Bonneval s’y attache à faire perdurer le rêve et l’œuvre de sa mère, soutenue par deux jardiniers dévoués qui entretiennent ce lieu d’exception avec attention. Aujourd’hui, le jardin de La Petite Rochelle compte dix chambres végétales uniques, chacune dotée de bassins, d’arches végétales, de dédales et d’allées fleuries. Au fil de la visite, les surprises botaniques se révèlent comme autant d’histoires à raconter, enrichies d’une collection exceptionnelle de cornus. L’esprit romantique des lieux participe également à son caractère singulier. Les massifs circulaires, les allées sinueuses et les statues d’anges et d’angelots jalonnent le parcours, créant une atmosphère poétique et enchanteresse. Les floraisons, étalées tout au long de l’année, ajoutent à son charme intemporel. Des bassins accueillent grenouilles et tritons, évoluant paisiblement parmi les nymphéas et autres plantes aquatiques. Les massifs, soigneusement agencés, se composent d’une multitude de plantes vivaces, mêlant œillets, daphnés, géraniums et sauges. Les arbustes, déployant leurs nuances de vert et de pourpre, apportent de la profondeur au paysage et composent un écrin naturel unique.
Les deux derniers jardins, créés en 2012, apportent une touche supplémentaire à cet ensemble déjà foisonnant. Le Jardin du silence, avec son bassin aux contours anguleux et son ambiance intimiste, invite à la sérénité et à la contemplation tandis que le Champ de la grive se distingue par son damier, ses bassins ornés d’hostas et sa collection d’arbres et arbustes rares, offrant ainsi une diversité inspirante. En parallèle, Laurence continue de développer des collections botaniques de daphnés, de piéris, de cornus, d’hydrangeas, de rhododendrons et d’acers, dont les trois premières sont agréées par le Conservatoire des collections végétales spécialisées. Ces efforts permettent d’enrichir encore davantage la biodiversité du jardin et d’offrir une expérience immersive au cœur d’un monde végétal riche et diversifié. Dans chaque recoin du jardin, la nature s’épanouit dans toute sa splendeur et semble ainsi défier le temps, se réinventant à chaque saison.

Symphonie végétale. Dans la cour d’accueil, les visiteurs sont plongés immédiatement dans la féerie du décor ; un immense cornouiller blanc s’entoure de centaines de plantes vivaces, généreuses pivoines, asters, tendres ancolies, euphorbes vitaminées, mais aussi de rosiers florifères.

Cascade romantique. Dans un des bassins, les azalées forment des cascades de fleurs qui semblent parler aux nymphéas dont ils épousent les couleurs. Les floraisons vont se succéder et faire écho aux coassements des grenouilles et à la présence silencieuse et réconfortante des tritons.

En robe de mariée. La beauté du Cornus kousa ‘Samzam’, proche du Cornus kousa ‘Milky Way’, se couvre de bractées blanches à 4 pétales. Même si elles ressemblent à des fleurs, ces bractées sont des feuilles non ordinaires par leur forme et leur couleur.

Joli pavillon. Dans le Jardin du silence, ce pavillon au toit en pagode permet de se protéger d’une ombre généreuse. C’est aussi l’endroit idéal pour lire, ou méditer. Face à lui, un bassin aux formes anguleuses invite à la relaxation et à la rêverie.

Le jeu de la dame. Installé sous une gloriette que recouvrent les rosiers grimpants et les clématites volubiles, ce jeu de dames géant est une idée de la mère de la propriétaire. Il a trouvé place dans le Champ de la grive, une des parties les plus récentes du jardin.

Élégance à la française. Une arche ouverte dans la haie conduit au labyrinthe. Ici encore, un bassin rond en pierre exulte en été en se peuplant de nénuphars. Au pied de la sculpture en pierre, un Hydrangea pose le décor et le souligne avec élégance.

Belle endormie. Dans le jardin de La Petite Rochelle, le tout premier jardin, Hélène d’Andlau a installé cette sculpture d’une jeune fille endormie. Un hymne à la beauté et à la féminité qui règne dans ce jardin imaginé par des femmes.

Tendre association. Partout, l’harmonie règne au sein des massifs de vivaces. Ici, la monnaie du pape fraîchement défleurie forme ses graines dans un écrin de verdure et côtoie les belles hampes florales des campanules pyramidales.

Douce harmonie. Dans le Champ de la grive, un chemin d’eau est bordé par une collection d’hostas. Une gloriette se couvre d’un rosier blanc dont les effluves guident les visiteurs. C’est un des espaces les plus ouverts et ensoleillés du jardin.

Variations de vert. Le Jardin italien a été créé en 1985 par Béatrix, la grand-mère de Laurence. Ce chemin pavé mène à un hexagone centré sur un pilier bas que viennent souligner des dizaines d’azalées et plantes à floraison jaune. Une chambre végétale qui joue entre l’ombre et la lumière du soleil.

Une œuvre familiale. Laurence de Bonneval perpétue le travail de sa mère. Elle apporte sa connaissance botanique, son amour pour les plantes et son regard personnel pour continuer à faire évoluer ce jardin familial. C’est un lourd et doux héritage qu’il faut continuer à partager.
Jardin de la Petite Rochelle
22 rue du Prieuré, 61110 Rémalard-en-Perche.
Tél. 02 33 73 85 38 et 06 03 54 34 15.