Bonheur champêtre dans le Perche sarthois

Visite
Elle aux plantations, lui aux aménagements : à Saint-Aubin-des-Coudrais, dans le Perche sarthois, Agnès et Michel Guet ont créé leur jardin du Grand Sablon à quatre mains. Ils en ont fait un lieu de vie bucolique, composé avec passion et simplicité.
Un article de
Omar Mahdi

Quand ils l’ont acheté, le terrain sur lequel Agnès et Michel Guet projetaient de bâtir leur maison n’était, littéralement, qu’un champ de patates. Par ailleurs, Agnès confesse volontiers qu’à l’époque elle ne connaissait pas grand-chose au jardin. « Mes parents avaient un potager, une de mes tantes était fascinée par les vivaces. Et c’est tout. » Sol vide et absence d’expérience : certains y verraient deux obstacles rédhibitoires. Pas Agnès, pour qui cette page blanche ­absolue est une chance. Car, à ce moment-là (nous sommes en 1978), la lecture d’un article dans un magazine spécialisé va marquer la naissance d’une passion non démentie à ce jour. Dévorante mais toujours empreinte d’humilité. « J’ai surtout commencé à m’amuser autour de la maison, car je voulais l’agrémenter, poursuit-elle. J’ai appris au fur et à mesure et j’ai assez vite été attirée par les massifs des jardins à l’anglaise. »

Tout aussi vite, elle se met à courir les fêtes des plantes, notamment les incontournables du château de Saint-Jean-de-Beauregard et du domaine de Courson – une habitude qu’elle n’a pas perdue puisqu’elle est désormais une assidue de celle qu’organise l’association Hortus Pertica, basée comme elle dans le Perche. Elle se met également à visiter des jardins, à la recherche constante d’inspiration. Cela la mènera, en 2000, en Angleterre, et plus précisément dans le Kent et le Sussex, où des lieux comme le Great Dixter sont une source inépuisable d’émerveillement. « Pas question de comparer mon jardin à celui-là, tempère-t-elle. Mon seul challenge est de toujours essayer de trouver LA plante qui correspond à mes envies. »

Si elle travaille de manière empirique, massif après massif, au fil des saisons et sans plan, elle ne déroge cependant pas à deux règles qu’elle s’est fixées. D’abord, respecter l’évolution naturelle du jardin : « Je ne le plie pas à ma volonté. C’est au contraire moi qui m’adapte à ce qu’il me propose. Certains végétaux disparaissent, d’autres prennent du volume. Moi, je fais avec. » Ensuite, composer ses massifs comme autant de petits tableaux, indépendants les uns des autres mais toujours cohérents, notamment dans l’harmonie des tons qui lui plaisent : « Vous ne verrez pas trop de rouge vif au Grand Sablon, c’est une couleur qui ne me parle pas. En revanche, vous trouverez du jaune ou des coloris tirant sur le pourpre, le violet. » Les teintes dorées des feuillages des cornus ou des fusains, celles des asters qui, en automne, déploient leurs plus belles panoplies allant du rose délicat au violet le plus intense, sont là pour en témoigner.

L’autre charme du Grand Sablon, c’est l’absence totale d’ostentation végétale. Ici, pas de « collectionite aiguë » ! Agnès l’a pensé comme une pièce supplémentaire de la maison, qui est d’ailleurs largement tournée vers l’extérieur pour profiter de la nature. Les 5 000 m2 du jardin accompagnent la famille depuis près de 40 ans. Quand les enfants étaient petits, ses courbes avaient été dessinées pour leur ménager des zones ludiques. Devenus adultes, ils ont logiquement quitté le foyer, et les allées sinueuses ont alors rempli une autre fonction : celle d’agrandir l’espace, de jouer avec les perspectives et de projeter le regard de massif en massif. Et les allées ne sont pas les seules à évoluer. Le jardin est en mouvement perpétuel, au gré des envies et des découvertes botaniques d’Agnès. Qui sait pouvoir compter sur son mari pour confectionner les aménagements qui les accueilleront. « J’aimerais rajouter des arbustes, confie-t-elle. Depuis que nous avons créé le jardin, nous avons énormément amendé le sol, ce qui fait que tout, ou presque, peut y pousser. » Elle veut également continuer d’installer des plantes couvre-sol pour occuper l’espace – et ainsi en laisser moins aux mauvaises herbes ! – et poursuivre ses « petits tableaux » avec l’implantation de nouveaux massifs qui seront autant de touches de couleur.

Alors si un jour vous avez le plaisir de visiter le Grand Sablon, souvenez-vous bien d’une chose : ici, autrefois, il n’y avait que des pommes de terre…

Sublimation

Ici s’est longtemps tenue une piscine hors sol. Une fois celle-ci enlevée, la bordure en béton et le sable n’avaient plus de raison d’être. Pour les dissimuler, Agnès a transformé la zone en « jardin sec » en disposant chutes d’ardoise et galets et en plantant des graminées, comme la molinie ou le miscanthus, pour apporter graphisme et volume.

Transparence

Le châtaignier faisait trop d’ombre : il a été coupé et « coiffé » de dames-jeannes qui apportent leur rondeur et leur transparence en contrepoint de la verticalité des physostegias (au premier plan) qui habillent la barrière.

Lumières d’automne

Sur fond de feuillage de graminées, ces asters de Nouvelle-Angleterre ‘Andenken an Alma Pötschke’ rayonnent littéralement. Leur couleur rubis à la mi-août vire au rose vif à l’automne et illumine l’arrière-saison. Et malgré leur beauté, elles sont tout sauf fragiles, résistant aux maladies comme au froid.

Beau et bon à la fois

Sur l’allée menant au grand massif qui trône devant la maison, on croise cette structure créée avec des bambous du jardin où myrtillier, mélisse, vigne et groseillier voisinent en toute harmonie. Sans oublier de faire profiter le promeneur de leurs parfums et de leurs saveurs…

Une cabane bien entourée

Des pommiers (‘Reine des reinettes’ au-dessus, et ‘Reinette blanche du Canada’ à gauche), un saule crevette et un grand potager en arrière-plan : on a connu des décors moins champêtres que celui de cette cabane à outils entièrement conçue et réalisée par Michel, exclusivement à partir de matériaux récupérés.

Écosystème aquatique

Si le pont suggère un ruisseau qui n’existe pas, la petite mare, elle, est bien réelle ! Installée dans un bassin préformé, elle agrège autour d’elle une flore variée (fusains, cornus, plantain pourpre, fougères, iris d’eau…), paradis pour la biodiversité. La preuve ? Cette année pour la première fois y sont nées des libellules.

Sentinelle

En automne, le pommier d’ornement ‘Red Sentinel’ donne des pommes miniatures rouge vif, de la taille d’une cerise. Ces fruits sont d’autant plus appréciés des oiseaux qu’ils restent sur l’arbuste pendant une bonne partie de l’hiver. Un régal pour nos amis ailés… et pour le jardinier car ils éclairent la morte-saison !

L’or du jardin

Le virgilier à bois jaune (Cladrastis lutea) se fait rare dans les jardins, et c’est bien dommage. En effet, son feuillage automnal est un enchantement, déclinant une palette de jaunes orangés spectaculaire. Il a en outre le bon goût d’être mellifère et d’exhaler un parfum vanillé dont les pollinisateurs raffolent.

Contemplation

À l’ombre double d’un pêcher et d’un prunier, ce banc invite à faire une pause en admirant le jardin. Derrière lui, le plessis réalisé avec des branches de saules sépare la partie ornementale du potager. Tout en transparence, il a avant tout une fonction décorative.

Entrée bien gardée

En arrivant au Grand Sablon, trois érables negundo assurent le comité d’accueil. Ces arbres rustiques et à la culture facile offrent en outre une ombre bienvenue grâce à leur une cime étalée. Au premier plan, le tronc est habillé d’asters plantés par les enfants d’Agnès et Michel lorsqu’ils étaient petits.

Au travail !

Cette photo est quelque peu anachronique puisqu’on y voit Agnès en train de tailler ses tulipes au printemps – et probablement par un jour frisquet à en juger par sa polaire ! Elle illustre néanmoins l’amour « toute saison » d’une jardinière et une passion qui s’est construite au fil des années, à mesure que grandissait son jardin.

Le jardin du Grand Sablon, à Saint-Aubin-des-Coudrais (72), est ouvert traditionnellement pour le week-end des Rendez-vous aux jardins et sur rendez-vous.

Tél. : 02 43 93 38 03

En savoir plus
Crédit photo :
Virginie Quéant / Greenfortwo Media
Article paru dans le n°
13
du magazine.

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