5 questions à Valentine de Ganay, la châtelaine écolo du Gâtinais

Rencontre
On doit à l’une des héritières du domaine de Courances, célèbre pour son jardin d’eau de la Renaissance, l’ouverture de Saltus Campus, le premier lycée agroécologique en France.
Un article de
Aliette de Crozet

Saltus Campus a ouvert ses portes à la rentrée 2022. Pourquoi cette création ?  

Les jeunes agriculteurs du « monde de demain » – un cliché que je n’aime pas – ont envie d’apprendre à produire en respectant l’environnement. Notre lycée, sous contrat avec l’État, délivre un CAP métiers de l’agriculture et deux bacs techniques, dont un permettant de conduire une exploitation agricole – là encore, le mot n’est pas joli. La possibilité de pouvoir s’installer à la sortie de Saltus Campus rend notre formation désirable. Nous voulons redonner l’envie de s’engager dans ces métiers du vivant.

À moins d’une heure de Paris, le château Louis XIII, toujours habité, s’entoure d’un jardin d’eau datant de la Renaissance, labellisé Jardin remarquable, ouvert au public. La rivière l’École, 14 sources et 17 pièces d’eau rafraîchissent Courances, qui tient son nom des « eaux courantes ». 

Vous expérimentez vous-même l’agroécologie à Courances… 

Quand j’ai repris la ferme familiale en 2013, nous avons voulu passer en bio en appliquant les principes de l’agriculture de conservation sur 460 hectares de grandes cultures. Nous avons dépensé autant en cultures pour restaurer les sols qu’en semences. Par ailleurs, nous avons planté avec Agnès Sourisseau, paysagiste et cofondatrice de Saltus Campus, 1 800 arbres sur 70 hectares de champs, grâce à des chantiers participatifs. On voit le résultat depuis l’autoroute du Sud, au niveau du péage de Fleury-en-Bière. Les arbres restaurent la structure des sols et les protègent du stress hydrique. L’agriculture de conservation, comme l’agroforesterie, fait partie de l’agroécologie. 

À la boutique des Jardins de Courances, on achète les légumes du château et on grignote.

Le domaine de Courances sert en quelque sorte de plateau technique au lycée ? 

Saltus Campus tient sur deux jambes, qui relient deux territoires. Les élèves suivent les cours théoriques à Sevran, en Seine-Saint-Denis, dans une ancienne école maternelle réaménagée mise à disposition par le maire. Et ils passent une semaine par mois à Courances, en Essonne, au cœur du parc naturel régional du Gâtinais français. Agnès Sourisseau, Marianne Cerf, de l’Inrae, et moi-même, toutes trois au conseil d’administration de Saltus Campus, privilégions une pédagogie par l’action, par l’exemple donné par des professionnels passionnés et inspirants.

Il n’est pas si courant d’avoir comme terrain d’application un Monument historique du XVIIe siècle, son parc et ses bassins Renaissance… 

Les élèves ont à leur disposition entre autres le jardin d’eau de la Renaissance, trois modèles de maraîchage (3 hectares chacun), plus de 700 hectares de cultures bio… Ils découvrent plusieurs paysages, différents métiers et un grand nombre d’enjeux agro-environnementaux : restauration d’une zone humide, agropastoralisme, régénération forestière… Clin d’œil du destin : la rivière qui traverse le parc du château, un affluent de la Seine, s’appelle l’École. 

Faucardage (fauchage des végétaux des bords de cours d’eau) dans le « miroir » du château avec les premiers élèves de Saltus Campus.

À qui s’adresse Saltus Campus ? 

À tous les jeunes de 15 à 20 ans… Nous souhaitons décloisonner les cultures urbaine et rurale, toucher des fils et filles d’agriculteurs de Seine-et-Marne à qui leurs parents déconseillent ce métier, comme des jeunes de Seine-­Saint-Denis qui ne viennent pas du monde de la campagne… Pour paraphraser ma citation favorite : il faut changer le système avant qu’il ne nous change !

Le parcours de Valentine de Ganay

« Aristo ? » À cette interrogation qui est aussi le titre de son livre (éd. Lattès, 2013), elle répond par l’affirmative. Mais cette marquise punchy gère d’une façon très actuelle, voire révolutionnaire, la plaine agricole séparant les châteaux de Fleury-en-Bière et de Courances. Elle partage avec 10 cousins ces 2 000 hectares de forêts et de champs d’un seul tenant, à 50 km de Paris. On croise cette blonde altière aux Jardins de Courances, bistro et boutique, ou les pieds nus sur les pelouses du parc classé Monument historique. Bref, Valentine de Ganay a « Le sens de la fête » – film tourné à Courances en 2017 –, mais pas que !

« Aristo ? » À cette interrogation qui est aussi le titre de son livre (éd. Lattès, 2013), elle répond par l’affirmative. Mais cette marquise punchy gère d’une façon très actuelle, voire révolutionnaire, la plaine agricole séparant les châteaux de Fleury-en-Bière et de Courances. Elle partage avec 10 cousins ces 2 000 hectares de forêts et de champs d’un seul tenant, à 50 km de Paris. On croise cette blonde altière aux Jardins de Courances, bistro et boutique, ou les pieds nus sur les pelouses du parc classé Monument historique. Bref, Valentine de Ganay a « Le sens de la fête » – film tourné à Courances en 2017 –, mais pas que !

En savoir plus
Crédit photo :
Snezana Gerbault, DR
Article paru dans le n°
12
du magazine.

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